Remonter la pente...
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- Enregistré le : mar. 10 avr. 2018 12:18
- Vélo pliant : Trek F600 + F400
Remonter la pente...
Salut,
Un petit point sur cette convalescence, un peu plus douloureuse et plus longue qu'espéré.
Pour ceux qui ne suivent que de loin mes (més)aventures, j'ai débarqué sur ce noble forum de rouleurs serviables il y a 2 ans, à la recherche de renseignements sur les Trek F600, puisque je venais d'en acheter un.
La bestiole devait me servir à sortir plus rapidement des gares - ce qui ne c'est jamais produit parce que j'ai renoncé à prendre le train - et je n'ai jamais non plus récolté la moindre information en français sur ces pliants Trek sortis entre 2006 et 2009 environ.
Loin d'être un revendeur compulsif, je suis plutôt collectionneur. Un Trek F400, plus civilisé, est venu satisfaire un temps mon épouse, avant que la chance ne me présente un second F600. Réfractaire aux mauvaises odeurs et aux salles de sport (ça va souvent de pair...), j'ai donc un F600 pour la maison, et un au bureau pour faire de l'exercice pendant la pause de midi, par beau temps.
La vie laisse des traces: trois accidents de moto qui blessent la même jambe (je suis parfois têtu...) ont vraisemblablement accéléré une propension génétique à l'arthrose. Avec l'âge arrive le temps des pièces de rechange, avec une première prothèse à la hanche gauche posée ce début d'année (j'en ai causé là: viewtopic.php?f=7&t=2240&p=23285#p23285 ). Les petites sorties tout au long de 2019 et les 3 dernières semaines de remise en forme aux Canaries avaient apporté du mieux, mais ça n'a pas suffit à faire de ma convalescence une promenade de santé.
En clair: j'ai morflé, et certains désagréments sont encore bien présents. Le fait d'être toujours couché sur le dos a réveillé une vieille hernie discale que je croyais avoir apprivoisée depuis 20 ans. Mauvaise pioche: je la contrôlais tant que je pouvais bouger, et là ce n'était plus possible. Médecins et infirmières revêches m'ont viré de l'hôpital comme un mal-propre, avec comme seul cadeau d'adieu une ordonnance qui m'obligeait à ne pas charger ma jambe gauche à plus de 20 kg pendant 6 semaines! Ensuite il a bien fallu que je me dém... "brouille".
En théorie, comme c'est ma 7 ou 8e opération depuis mon premier accident en 2002, je fais partie des privilégiés qui ont appris à gérer ce genre de difficultés.
Je suis imbattable pour soigner une cicatrice (je ne les compte plus) et je cicatrise très vite. Mais le reste fut un peu plus compliqué.
Les anti-douleurs? Ils mettent 50 minutes pour agir, sont efficaces pendant 3 quarts d'heure, et je n'ose en prendre que 4 par jour. Sachant qu'il y a en principe plus ou moins 24 heures par jour... J'ai appliqué l'adage qui veut que "s'il n'y a pas de solution, ce n'est pas un problème" et j'ai cessé d'en prendre après 3 jours. À choisir, entre souffrir 24 heures par jour ou 20 heures avec des effets secondaires, j'ai préféré me passer de poison.
À force de tourner en rond comme un ours en cage, avec mes béquilles, j'ai heureusement découvert que marcher avec les béquilles me permettait de bien décharger et détendre le dos. Je dormais par tranches d'une heure à une heure et demie, et les douleurs me réveillaient. Je faisais 25 fois le tour du salon, et j'allais re-dormir une heure.
Après 3 semaines de ce régime, à bout de forces, je me suis endormi un soir en position assise, sans avoir plus ni le temps ni la force de descendre la tête de lit. Mon dos en feu m'a réveillé comme toujours, mais après 5 heures de sommeil, ce qui était inespéré. Depuis, j'ai dormi en position assise, et j'ai commencé à reprendre du poil de la bête. Je suis allé chez mon kiné. Qui m'a enguirlandé "que j'aurais dû venir le voir plus tôt". Mais désolé bonhomme, je n'étais pas humainement en état de le faire.
J'ai repris le travail le 16 mars, directement à 100%. C'est l'inconvénient d'être un gratte-papier: les toubibs pensent que tu ne fais pas d'efforts. La position assise au bureau est pénible, et douloureuse en voiture avec les petits mouvements de caisse et l'impossibilité de soulager le dos avec les jambes. Le 23, j'essayais d'aller bosser à moto, avec les béquilles sanglées derrière sous le top-case. Le lendemain également (ma femme avait besoin de la voiture), pour conclure que faire les trajets à moto (31 km par trajet) faisaient aussi maloku... "réveillaient le syndrome du piriforme" (pardon!) autant qu'en voiture...
Mon kiné réussissait plus ou moins à récupérer la situation, et me disait de persévérer. Fin mars, j'arrive presque à me passer de béquilles, j'essaye de m'asseoir sur un de mes p'tits vélos. Simplement dans le couloir de la cave, je ne tente même pas une sortie. Mon piriforme désapprouve...
Je m'acharne, j'essaye le lendemain un de mes vieux vélos militaires suisses. Le cadre est pénible à enjamber, mais la selle en cuir, dans le style des Brooks, est magique et ne fait jamais mal. Je me contrefous de notre "semi-confinement volontaire et non contraignant" et me rends chez un pote à 800 mètres. Je n'en ferai pas plus. Début avril, je passe à 2 km. Puis 5. Toujours avec ce vélo militaire. Puis 10 km avant Pâques. Et on monte à 15 km, de route bien plate, aller tourner au bled suivant et revenir...
Début mai, je suspends les 24 kg du vélo militaire à son crochet et les Trek F600 reprennent du service. Comme toujours: un pour la maison, un au bureau. Sur le plat, les 9 vitesses et les 12 kg de mes pliants autorisent une vitesse de déplacement moyenne supérieure de 3 km/h à celle du vélo militaire.
Jeudi dernier 7 mai, la météo aidant, je tente mon petit tour habituel de 10 km autour du bureau, pendant la pause midi. J'avais commencé en mai 2019 et j'avais fait ce circuit une soixantaines de fois en une trentaine de semaines. Au début, je mettais 37 minutes pour faire le tour, en moulinant juste pour faire tourner les jambes, sans forcer. À la fin, un peu plus en mode cardio, je bouclais mon tour en 26 minutes.
Bonne surprise pour cette reprise: je tourne en 28 min. et 30 sec. Je remets ça le lendemain, dans l'autre sens, et re 28'30". Le cœur pourrait en faire un peu plus mais les jambes ne suivent pas. Pas encore.
Le contact avec la selle n'est pas totalement indolore, mais je décide de la traiter par le mépris: ça ne sert à rien de discuter avec une selle.
Samedi, je pousse jusqu'à la Neuveville. 15 km pénibles contre le vent à l'aller, mais un plaisir avec le vent dans le dos au retour. 20 km/h de moyenne à l'aller et 27 au retour! Je retrouve des sensations oubliées. Mon genou aussi hélas, qui se met à l'unisson du piriforme pour manifester sa réprobation. J'applique la même tactique qu'avec la selle: ça ne sert à rien non plus de discuter avec un genou...
Quitte à morfler, je sais qu'il vaut mieux continuer sur sa lancée, solliciter le genou et le faire tourner, plutôt que d'être trop à l'écoute de ses petits bobos. Je repars le dimanche, encore un peu plus loin. Ma balade de référence, celle que j'avais mis trois mois à pouvoir faire l'an dernier, c'est le tour du lac de Bienne. Ça représente une quarantaine de km dont 5 ou 6 de chemins non goudronnés rive sud.
Je m'octroie une longue pause à mi-parcours au Landeron, puis je m'offre les 22 km de retour d'une traite, en à peine plus d'une heure. Le piriforme apprécie modérément les chemins de terre, mais c'est ça ou rentrer à pied. Il y a sur le parcours une petite montée bien raide entre le port de Taüffelen et le restaurant "Seepintli", je l'avalerai pour la première fois sans descendre de vélo. On dirait que la forme revient. Un peu...
Je suis parfois stupide et souvent têtu, mais pas encore entièrement masochiste: je force le week-end, je laisse désenfler le lundi et je vais chez mon kiné le mardi. Il a fait ce qu'il pouvait, ses mains de magicien ont défait les nœuds de mon piriforme pendant une demi-heure.
La météo est plutôt optimiste pour le prochain week-end, ça veut dire que je vais encore en ch... Mais à partir d'un certain âge, avec une bonne expérience de la vie, passé un certain seuil de douleurs, ça signifie que tu es vivant et que tu n'as pas le droit de te plaindre...
Amitiés,
À+,
le Jef-tout-le-monde-ne-peut-pas-comprendre....
Un petit point sur cette convalescence, un peu plus douloureuse et plus longue qu'espéré.
Pour ceux qui ne suivent que de loin mes (més)aventures, j'ai débarqué sur ce noble forum de rouleurs serviables il y a 2 ans, à la recherche de renseignements sur les Trek F600, puisque je venais d'en acheter un.
La bestiole devait me servir à sortir plus rapidement des gares - ce qui ne c'est jamais produit parce que j'ai renoncé à prendre le train - et je n'ai jamais non plus récolté la moindre information en français sur ces pliants Trek sortis entre 2006 et 2009 environ.
Loin d'être un revendeur compulsif, je suis plutôt collectionneur. Un Trek F400, plus civilisé, est venu satisfaire un temps mon épouse, avant que la chance ne me présente un second F600. Réfractaire aux mauvaises odeurs et aux salles de sport (ça va souvent de pair...), j'ai donc un F600 pour la maison, et un au bureau pour faire de l'exercice pendant la pause de midi, par beau temps.
La vie laisse des traces: trois accidents de moto qui blessent la même jambe (je suis parfois têtu...) ont vraisemblablement accéléré une propension génétique à l'arthrose. Avec l'âge arrive le temps des pièces de rechange, avec une première prothèse à la hanche gauche posée ce début d'année (j'en ai causé là: viewtopic.php?f=7&t=2240&p=23285#p23285 ). Les petites sorties tout au long de 2019 et les 3 dernières semaines de remise en forme aux Canaries avaient apporté du mieux, mais ça n'a pas suffit à faire de ma convalescence une promenade de santé.
En clair: j'ai morflé, et certains désagréments sont encore bien présents. Le fait d'être toujours couché sur le dos a réveillé une vieille hernie discale que je croyais avoir apprivoisée depuis 20 ans. Mauvaise pioche: je la contrôlais tant que je pouvais bouger, et là ce n'était plus possible. Médecins et infirmières revêches m'ont viré de l'hôpital comme un mal-propre, avec comme seul cadeau d'adieu une ordonnance qui m'obligeait à ne pas charger ma jambe gauche à plus de 20 kg pendant 6 semaines! Ensuite il a bien fallu que je me dém... "brouille".
En théorie, comme c'est ma 7 ou 8e opération depuis mon premier accident en 2002, je fais partie des privilégiés qui ont appris à gérer ce genre de difficultés.
Je suis imbattable pour soigner une cicatrice (je ne les compte plus) et je cicatrise très vite. Mais le reste fut un peu plus compliqué.
Les anti-douleurs? Ils mettent 50 minutes pour agir, sont efficaces pendant 3 quarts d'heure, et je n'ose en prendre que 4 par jour. Sachant qu'il y a en principe plus ou moins 24 heures par jour... J'ai appliqué l'adage qui veut que "s'il n'y a pas de solution, ce n'est pas un problème" et j'ai cessé d'en prendre après 3 jours. À choisir, entre souffrir 24 heures par jour ou 20 heures avec des effets secondaires, j'ai préféré me passer de poison.
À force de tourner en rond comme un ours en cage, avec mes béquilles, j'ai heureusement découvert que marcher avec les béquilles me permettait de bien décharger et détendre le dos. Je dormais par tranches d'une heure à une heure et demie, et les douleurs me réveillaient. Je faisais 25 fois le tour du salon, et j'allais re-dormir une heure.
Après 3 semaines de ce régime, à bout de forces, je me suis endormi un soir en position assise, sans avoir plus ni le temps ni la force de descendre la tête de lit. Mon dos en feu m'a réveillé comme toujours, mais après 5 heures de sommeil, ce qui était inespéré. Depuis, j'ai dormi en position assise, et j'ai commencé à reprendre du poil de la bête. Je suis allé chez mon kiné. Qui m'a enguirlandé "que j'aurais dû venir le voir plus tôt". Mais désolé bonhomme, je n'étais pas humainement en état de le faire.
J'ai repris le travail le 16 mars, directement à 100%. C'est l'inconvénient d'être un gratte-papier: les toubibs pensent que tu ne fais pas d'efforts. La position assise au bureau est pénible, et douloureuse en voiture avec les petits mouvements de caisse et l'impossibilité de soulager le dos avec les jambes. Le 23, j'essayais d'aller bosser à moto, avec les béquilles sanglées derrière sous le top-case. Le lendemain également (ma femme avait besoin de la voiture), pour conclure que faire les trajets à moto (31 km par trajet) faisaient aussi maloku... "réveillaient le syndrome du piriforme" (pardon!) autant qu'en voiture...
Mon kiné réussissait plus ou moins à récupérer la situation, et me disait de persévérer. Fin mars, j'arrive presque à me passer de béquilles, j'essaye de m'asseoir sur un de mes p'tits vélos. Simplement dans le couloir de la cave, je ne tente même pas une sortie. Mon piriforme désapprouve...
Je m'acharne, j'essaye le lendemain un de mes vieux vélos militaires suisses. Le cadre est pénible à enjamber, mais la selle en cuir, dans le style des Brooks, est magique et ne fait jamais mal. Je me contrefous de notre "semi-confinement volontaire et non contraignant" et me rends chez un pote à 800 mètres. Je n'en ferai pas plus. Début avril, je passe à 2 km. Puis 5. Toujours avec ce vélo militaire. Puis 10 km avant Pâques. Et on monte à 15 km, de route bien plate, aller tourner au bled suivant et revenir...
Début mai, je suspends les 24 kg du vélo militaire à son crochet et les Trek F600 reprennent du service. Comme toujours: un pour la maison, un au bureau. Sur le plat, les 9 vitesses et les 12 kg de mes pliants autorisent une vitesse de déplacement moyenne supérieure de 3 km/h à celle du vélo militaire.
Jeudi dernier 7 mai, la météo aidant, je tente mon petit tour habituel de 10 km autour du bureau, pendant la pause midi. J'avais commencé en mai 2019 et j'avais fait ce circuit une soixantaines de fois en une trentaine de semaines. Au début, je mettais 37 minutes pour faire le tour, en moulinant juste pour faire tourner les jambes, sans forcer. À la fin, un peu plus en mode cardio, je bouclais mon tour en 26 minutes.
Bonne surprise pour cette reprise: je tourne en 28 min. et 30 sec. Je remets ça le lendemain, dans l'autre sens, et re 28'30". Le cœur pourrait en faire un peu plus mais les jambes ne suivent pas. Pas encore.
Le contact avec la selle n'est pas totalement indolore, mais je décide de la traiter par le mépris: ça ne sert à rien de discuter avec une selle.
Samedi, je pousse jusqu'à la Neuveville. 15 km pénibles contre le vent à l'aller, mais un plaisir avec le vent dans le dos au retour. 20 km/h de moyenne à l'aller et 27 au retour! Je retrouve des sensations oubliées. Mon genou aussi hélas, qui se met à l'unisson du piriforme pour manifester sa réprobation. J'applique la même tactique qu'avec la selle: ça ne sert à rien non plus de discuter avec un genou...
Quitte à morfler, je sais qu'il vaut mieux continuer sur sa lancée, solliciter le genou et le faire tourner, plutôt que d'être trop à l'écoute de ses petits bobos. Je repars le dimanche, encore un peu plus loin. Ma balade de référence, celle que j'avais mis trois mois à pouvoir faire l'an dernier, c'est le tour du lac de Bienne. Ça représente une quarantaine de km dont 5 ou 6 de chemins non goudronnés rive sud.
Je m'octroie une longue pause à mi-parcours au Landeron, puis je m'offre les 22 km de retour d'une traite, en à peine plus d'une heure. Le piriforme apprécie modérément les chemins de terre, mais c'est ça ou rentrer à pied. Il y a sur le parcours une petite montée bien raide entre le port de Taüffelen et le restaurant "Seepintli", je l'avalerai pour la première fois sans descendre de vélo. On dirait que la forme revient. Un peu...
Je suis parfois stupide et souvent têtu, mais pas encore entièrement masochiste: je force le week-end, je laisse désenfler le lundi et je vais chez mon kiné le mardi. Il a fait ce qu'il pouvait, ses mains de magicien ont défait les nœuds de mon piriforme pendant une demi-heure.
La météo est plutôt optimiste pour le prochain week-end, ça veut dire que je vais encore en ch... Mais à partir d'un certain âge, avec une bonne expérience de la vie, passé un certain seuil de douleurs, ça signifie que tu es vivant et que tu n'as pas le droit de te plaindre...
Amitiés,
À+,
le Jef-tout-le-monde-ne-peut-pas-comprendre....
Modifié en dernier par Jef.ch le jeu. 14 mai 2020 22:18, modifié 4 fois.
Le concept de vélo électrique est aussi pertinent que le serait celui de train à pédales...
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- Enregistré le : dim. 24 mars 2019 21:37
- Vélo pliant : Le top du bike, progress
- Localisation : 91
Remonter la pente...
Moi, j'écris bravo. J'aime cette philosophie, et je suis sûr qu'elle va t'aider, même si c'est loin d'être facile!
Pour ton plus grand bien, tu vas être obligé d'y retourner et de nous faire des photos. C'est beau un lac, j'aime bien la Suisse, alors ajoute des belles images à tout ca, et on aura le feuilleton du printemps en image.
Courage, le Jef
Pour ton plus grand bien, tu vas être obligé d'y retourner et de nous faire des photos. C'est beau un lac, j'aime bien la Suisse, alors ajoute des belles images à tout ca, et on aura le feuilleton du printemps en image.
Courage, le Jef
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- Animateur
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- Enregistré le : jeu. 10 oct. 2013 15:19
- Vélo pliant : Dahon Jetstream P8
- Localisation : Namur (B)
Remonter la pente...
Bravo pour ton courage et ta persévérance!
Si tes problèmes musculaires et autres devaient persister, tu devrais à l'occasion essayer un trike (vélo couché à trois roues). C'est hyper confortable, tu peux grimper les côtes les plus raides sans te soucier de ton équilibre, et dans les descentes, les sensations sont proches de celles de la moto car on est assis au ras du sol et on y dépasse tous les autres vélos. Il en existe de toutes sortes, plus axés sur la balade ou plus sportifs, tout suspendus ou pas, pliables ou pas....
Tout près de chez toi il y a Biketothefuture qui en commercialise et en loue.
Un peu plus loin, il y a velocouche.ch qui en commercialise également.
Si tes problèmes musculaires et autres devaient persister, tu devrais à l'occasion essayer un trike (vélo couché à trois roues). C'est hyper confortable, tu peux grimper les côtes les plus raides sans te soucier de ton équilibre, et dans les descentes, les sensations sont proches de celles de la moto car on est assis au ras du sol et on y dépasse tous les autres vélos. Il en existe de toutes sortes, plus axés sur la balade ou plus sportifs, tout suspendus ou pas, pliables ou pas....
Tout près de chez toi il y a Biketothefuture qui en commercialise et en loue.
Un peu plus loin, il y a velocouche.ch qui en commercialise également.
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- Enregistré le : mar. 10 avr. 2018 12:18
- Vélo pliant : Trek F600 + F400
Remonter la pente...
Merci à vous deux!
Pour vos encouragements, et pour le lien qui va me permettre d'aller essayer (louer...) un vélo couché.
Pour les photos, maintenant que j'ai récupéré l'avant-dernier smartphone de ma régulière, je peux en faire, et en mettre. De qualité certes moyenne, mais pour sortir de l'ambiance du confinement...
Samedi après-midi à la Neuveville, le temps était presque estival:
Re-belote le dimanche au Landeron, à l'arrivée du canal de la Thielle, entre les lacs de Neuchâtel et de Bienne:
Amitiés,
À+,
le Jef-l'avantage-d'un-lac,-c'est-que-c'est-plat....
Pour vos encouragements, et pour le lien qui va me permettre d'aller essayer (louer...) un vélo couché.
Pour les photos, maintenant que j'ai récupéré l'avant-dernier smartphone de ma régulière, je peux en faire, et en mettre. De qualité certes moyenne, mais pour sortir de l'ambiance du confinement...
Samedi après-midi à la Neuveville, le temps était presque estival:
Re-belote le dimanche au Landeron, à l'arrivée du canal de la Thielle, entre les lacs de Neuchâtel et de Bienne:
Amitiés,
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- Enregistré le : jeu. 27 janv. 2011 20:45
- Vélo pliant : Hoptown pumpkin, 16" du yang tsé kiang, bickerton pilot classic & black edition, Stella'rley Davidson, vigor P9.
Remonter la pente...
Pas facile cette convalescence... tu es persévérant et courageux, ce sont des ingrédients déterminants pour la guérison.
Je connais aussi un peu le syndrome du piriforme... une vraie chianlie!!
On vient donc de trouver une nouvelle utilité des velos pliants: ça aide a garder le moral et ça aide au rétablissement !
Bon courage et merci pour ce partage.
Je connais aussi un peu le syndrome du piriforme... une vraie chianlie!!
On vient donc de trouver une nouvelle utilité des velos pliants: ça aide a garder le moral et ça aide au rétablissement !
Bon courage et merci pour ce partage.
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- Enregistré le : jeu. 21 mars 2013 18:12
- Localisation : Metz
Remonter la pente...
Salut le cassé de la moto ,
Bon courage dans ta rééducation.
Tu viens d'enrichir mon vocabulaire ("piriforme")
Bon courage dans ta rééducation.
Tu viens d'enrichir mon vocabulaire ("piriforme")
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- Enregistré le : dim. 24 mars 2019 21:37
- Vélo pliant : Le top du bike, progress
- Localisation : 91
Remonter la pente...
Merci pour les photo
C'est vraiment un environnement très agréable.
Finalement, tu as un bon prétexte pour en profiter (voyons le verre plein...)
Aller, courage, soit fort
C'est vraiment un environnement très agréable.
Finalement, tu as un bon prétexte pour en profiter (voyons le verre plein...)
Aller, courage, soit fort
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- Animateur
- Messages : 347
- Enregistré le : mar. 10 avr. 2018 12:18
- Vélo pliant : Trek F600 + F400
Remonter la pente...
Salut,
La remontée est d'autant plus compliquée que le sommet n'est pas encore en vue et qu'il y a encore deux grosses vallées à traverser. J'explique: Après cette première prothèse de la hanche gauche devrait suivre celle du genou, puis la seconde hanche. Avec chaque fois le petit scénario du "je me mets en forme pour augmenter les chances et raccourcir autant que faire se peut la convalescence". M'enfin, avec un puissant sens de l'autodérision, ça passe.
La semaine dernière, la météo merdique ne m'a pas permis de sortir le vélo avant le vendredi. Et encore: temps frais et couvert, faute d'habits d'hiver pour le vélo au bureau, je n'ai fait le midi qu'un petit tour de 6 km, en jeans...
Un copain m'a pris en pitié et s'est proposé de m'accompagner le samedi matin. C'est ainsi qu'entre 9 h et 11 h 30, on s'est tapé les 40 km du tour du lac, avec une pause pour un chocolat chaud à Lüscherz. Mon pote roule sur un très joli Koga-Miyata d'une trentaine d'années, qui semble "un peu" (beaucoup!) plus rapide que mon Trek F600. J'ai remis la compresse le dimanche avec ma compagne, direction Meinisberg et retour le long de l'Aar, soit 27 km supplémentaires, cette fois avec mon vélo de troupe de 1962 et ses 24 kg: la selle est magique et j'avais bien besoin d'un surcroît de confort. Et ce lundi, j'ai repris mon tour de 10 km entre 12 h 30 et 13 h au bureau. Faut pas mollir...
Entretemps, le gamin était passé à la maison avec sa fille, faire la bise aux grands-parents le dimanche soir et s'incruster pour le souper. On a causé vélo évidemment, et sur un coup de tête il s'est proposé d'aider son vieux papa à changer les pneus de son vélo pliant. "On en a pour une demi-heure". OK, tenu...
Les vieux Schwalbe Marathon commencent à faire la gueule. Si on devine les restes d'un profil sur le pneu avant, l'arrière est totalement lisse. J'ai trois Schwalbe Kojak qui n'avaient servi à rien à Gran-Canaria, et je sais pour en avoir une paire sur mon autre Trek F600 au boulot que ces pneus rendent un vélo merveilleux de légèreté. OK, j'ai lu tout et son contraire sur ces Kojak, que ce ne seraient pas les meilleurs pneus au niveau de la résistance au roulement, ni à la crevaison. Alors que d'autres auraient battu des records de vitesse et parcouru 6000 km (?) Seule donnée qui semble faire l'unanimité: ne pas dépasser les 6,5 bar préconisés...
Une fois ces Kojak montés, dans les délais grâce surtout au petit compresseur à 100 balles qui permet de monter à 8 bar, il a fallu essayer. Le gamin a fait péter un chrono de 41 km/h au plat sur le GPS, à cet âge ils sont immortels et ne respectent rien...
Et ce soir, parce que j'aime bien quantifier les choses plutôt que de rester sur une vague impression, j'ai emprunté la balance digitale de cuisine à la Dame, et je suis allé peser mes pneus... Au bilan, il y a 80 grammes de différence en moyenne entre des Marathon bien usés et un Kojak neuf. Plus surprenant, les nouvelles chambres à air, des Schwalbe SV 6A, pèsent 30 g de moins que les anciennes. Le gain est de 110 g par roue, 220 g sur l'ensemble du vélo...
Mais quand même, j'avoue m'être trouvé très xon, à peser mes chambres à air dans mon local de bricolage. Et plus encore en ramenant discrètement sa balance à ma cuisinière préférée. En 32 ans de mariage, elle avait déjà eu bien des occasions de s'interroger sur ma santé mentale. Mais peser des petits rouleaux de gomme, ça elle ne connaissait pas encore...
Je m'en fiche: avec les congés de l'Ascension, jeudi ou vendredi j'irai refaire un tour du lac avec mon pote. Avec mes nouveaux pneus, je vais l'atomiser!
Amitiés,
À+,
le Jef-ou-pas...
La remontée est d'autant plus compliquée que le sommet n'est pas encore en vue et qu'il y a encore deux grosses vallées à traverser. J'explique: Après cette première prothèse de la hanche gauche devrait suivre celle du genou, puis la seconde hanche. Avec chaque fois le petit scénario du "je me mets en forme pour augmenter les chances et raccourcir autant que faire se peut la convalescence". M'enfin, avec un puissant sens de l'autodérision, ça passe.
La semaine dernière, la météo merdique ne m'a pas permis de sortir le vélo avant le vendredi. Et encore: temps frais et couvert, faute d'habits d'hiver pour le vélo au bureau, je n'ai fait le midi qu'un petit tour de 6 km, en jeans...
Un copain m'a pris en pitié et s'est proposé de m'accompagner le samedi matin. C'est ainsi qu'entre 9 h et 11 h 30, on s'est tapé les 40 km du tour du lac, avec une pause pour un chocolat chaud à Lüscherz. Mon pote roule sur un très joli Koga-Miyata d'une trentaine d'années, qui semble "un peu" (beaucoup!) plus rapide que mon Trek F600. J'ai remis la compresse le dimanche avec ma compagne, direction Meinisberg et retour le long de l'Aar, soit 27 km supplémentaires, cette fois avec mon vélo de troupe de 1962 et ses 24 kg: la selle est magique et j'avais bien besoin d'un surcroît de confort. Et ce lundi, j'ai repris mon tour de 10 km entre 12 h 30 et 13 h au bureau. Faut pas mollir...
Entretemps, le gamin était passé à la maison avec sa fille, faire la bise aux grands-parents le dimanche soir et s'incruster pour le souper. On a causé vélo évidemment, et sur un coup de tête il s'est proposé d'aider son vieux papa à changer les pneus de son vélo pliant. "On en a pour une demi-heure". OK, tenu...
Les vieux Schwalbe Marathon commencent à faire la gueule. Si on devine les restes d'un profil sur le pneu avant, l'arrière est totalement lisse. J'ai trois Schwalbe Kojak qui n'avaient servi à rien à Gran-Canaria, et je sais pour en avoir une paire sur mon autre Trek F600 au boulot que ces pneus rendent un vélo merveilleux de légèreté. OK, j'ai lu tout et son contraire sur ces Kojak, que ce ne seraient pas les meilleurs pneus au niveau de la résistance au roulement, ni à la crevaison. Alors que d'autres auraient battu des records de vitesse et parcouru 6000 km (?) Seule donnée qui semble faire l'unanimité: ne pas dépasser les 6,5 bar préconisés...
Une fois ces Kojak montés, dans les délais grâce surtout au petit compresseur à 100 balles qui permet de monter à 8 bar, il a fallu essayer. Le gamin a fait péter un chrono de 41 km/h au plat sur le GPS, à cet âge ils sont immortels et ne respectent rien...
Et ce soir, parce que j'aime bien quantifier les choses plutôt que de rester sur une vague impression, j'ai emprunté la balance digitale de cuisine à la Dame, et je suis allé peser mes pneus... Au bilan, il y a 80 grammes de différence en moyenne entre des Marathon bien usés et un Kojak neuf. Plus surprenant, les nouvelles chambres à air, des Schwalbe SV 6A, pèsent 30 g de moins que les anciennes. Le gain est de 110 g par roue, 220 g sur l'ensemble du vélo...
Mais quand même, j'avoue m'être trouvé très xon, à peser mes chambres à air dans mon local de bricolage. Et plus encore en ramenant discrètement sa balance à ma cuisinière préférée. En 32 ans de mariage, elle avait déjà eu bien des occasions de s'interroger sur ma santé mentale. Mais peser des petits rouleaux de gomme, ça elle ne connaissait pas encore...
Je m'en fiche: avec les congés de l'Ascension, jeudi ou vendredi j'irai refaire un tour du lac avec mon pote. Avec mes nouveaux pneus, je vais l'atomiser!
Amitiés,
À+,
le Jef-ou-pas...
Le concept de vélo électrique est aussi pertinent que le serait celui de train à pédales...
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Remonter la pente...
Ne t'inquiète pas, moi, un jour, j'ai mis un collecteur d'échappement de Volvo 242 peint à la peinture haute température dans le four, ou des pare soleils, plafonnier et autres petites pièces de Cox dans le lave vaisselle.
Elles s'y font, à force
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Remonter la pente...
Salut,
La redescente fut rude, la remontée s’annonce plus pénible que souhaitée. Le lundi 14 septembre, je passais sur le billard pour la seconde fois de l’année. Après la pose d’une prothèse de hanche le 20 janvier, c’était au tour de mon pauvre genou. Plus inconscient que courageux, j’y allais un peu « la fleur au fusil ». Une huitième anesthésie générale depuis 2003, ça ne me faisait pas vraiment peur.
J’avais négligé un paramètre. Les anesthésistes gardent désormais leur précieux propofol pour les cas covid, en chirurgie les patients doivent se contenter de gaz anesthésiants de deuxième choix. La conséquence fut immédiate : je ne me réveillais plus. Au point de passer la première nuit en salle de réveil, les médecins n’osant pas prendre le risque de me monter en chambre dans cet état.
Je n’ai pas pu manger pendant quatre jours, et j’avais perdu passablement de sang. Pour palier à mon manque d’alimentation, j’avais une perfusion, qui remplissait trop vite ma vessie. Je me levais jusqu’à 11 fois par nuit pour uriner, ce qui m’a fait puiser dans mes dernières réserves.
Le mardi 22, un taxi me transportait dans une clinique censée prendre en charge ma réhabilitation. J’y suis arrivé à bout de forces, et surtout affamé. Au point de demander une branche de chocolat lors de l’entretien d’entrée. J’ai bien expliqué la chose au généraliste qui complétait mon dossier, en précisant que j’avais perdu beaucoup de sang, que j’étais très faible et qu’il me fallait absolument des protéines animales.
Mauvaise pioche bonhomme : le mercredi c’était la journée végane, dans ce centre réputé surtout pour accueillir des patients « cardios ». Et le jeudi : poisson… une assiette lamentable, avec deux crevettes, deux morceaux de poiscaille grands comme une boîte d’allumettes et deux pommes de terre minuscules. J’ai sonné derechef l’infirmière et exigé de la viande. L’infirmière vexée est revenue m’annoncer que j’aurais un steak le soir. Soit dans 6 heures et demi. Et en attendant ? Rien.
J’ai donc prié la miss de faire le nécessaire pour que mes papiers de sortie soient prêts dans l’heure, et téléphoné à ma femme pour qu’elle vienne me chercher. Le médecin qui m’a fait signer une décharge sans la moindre valeur légale a semblé passablement déçu par mes critiques, je ne faisais que relever le suivi très lacunaire et la nourriture insuffisante. Une critique est l’occasion de s’améliorer bonhomme, encore faut-il être disposé à l’entendre.
Ma femme n’était pas enchantée de me reprendre dans ces conditions, pensant à un caprice. Tu sais comme sont les gonzesses : elles ont « l’intelligence émotionnelle », elles sont à l’écoute de leur corps, douces et souhaitant un monde harmonieux, alors que toi, grande brute, tu es tout juste bon à boire des bières avec tes potes et parfois un whisky avec un trop rare ami.
J’allais par chance cinq jours plus tard chez le généraliste pour enlever les fils, et ses informations me permettaient de signer l’armistice avec ma légitime. L’assistante me fait étonnamment une prise de sang. Quelques minutes plus tard, mon toubib arrive et me dit d’emblée : « vous avez eu bien raison de foutre le camp de cette clinique ! » Mécolle : « expliquez-moi et je pourrai peut-être sauver mon couple... » « ben, le mercredi 23, ils vous ont fait une prise de sang. Votre taux d’hémoglobine était à 8,4. Au lieu de 15. » Pour donner un ordre d’idée, à moins de 8, c’est transfusion. Tu m’étonnes que j’étais fatigué ! Après 10 repas à la maison, tous avec de la viande, j’étais remonté à 11. À 11, mon toubib me prescrivait du fer. À 8,4 dans la clinique, c’était burger de légumes...
La juriste de l’assurance accident finissait elle aussi par admettre que ma décision de quitter cette clinique était justifiée, ce qui m’arrangeait bien. Mon kiné rentrait de vacances et j’allais également pouvoir mettre les bouchées double sur cette convalescence.
J’avais dès mon retour à domicile commandé une « machine à faire bouger le genou » (kinétec pour les intimes), et j’y passais quatre à cinq heures par jour. Entre le kiné, la machine et les balades dans le quartier avec les béquilles, boosté par de la viande à tous les repas, ce très long mois d’octobre me voyait récupérer de jour en jour quelques degrés de mobilité pour mon genou, à défaut de muscle. Piscines et salles de sport sont fermées, ce qui complique la donne.
Début novembre, je descends à la cave voir les vélos. Ai-je récupéré suffisamment de mobilité pour pédaler ? Je m’installe sur mon pliant, appuyé contre le mur. J’arrive à enjamber le cadre, heureusement bas. Et pédaler ? En pédalant tout doucement en arrière, je sens des tensions inédites dans le genou. On va dire que, chouette, j’ai découvert un nouvel exercice…
Le samedi 7, je décide de me lancer. Les béquilles courageusement sanglées sur mon sac à dos (je n’imagine pas sortir sans), j’extrais tant bien que mal les 12 kilos du Trek F600 de la cave. Devant la maison, un petit muret d’une trentaine de centimètres de hauteur facilite l’exercice. Je suis en selle. Je pédale, 450 mètres à peine, retrouver ma femme au centre-ville. Elle sait que je suis têtu (elle le dit souvent en trois lettres), mais elle est quand même surprise de me voir arriver à vélo.
Tant que je pédale, ça va. Les arrêts sont plus « compliqués », je m’attacherai à les réduire au maximum (ou au minimum, les linguistes sont des emmerdeurs). Je m’offre un petit détour au retour, en allant frapper aux carreaux d’un voisin cycliste. Total du jour : à peine 1200 mètres.
Je remets ça le dimanche. Co… « têtu » mais pas masochiste, je dessine dans mon quartier un parcours de 1200 mètres avec une seule perte de priorité. En limitant les arrêts, je réduis les risques. Je ferai quatre tours, en serrant les dents.
Mon vélo pliant retrouve son rôle médical, entre prothèse et chaise roulante. Lundi en fin d’après-midi, je repars, à plat, en direction de la sortie de la ville. Il commence à faire sombre, le brouillard est tenace et je n’ai pas de phare. Je fais d’autant plus volontiers demi-tour après 2,5 km que mon genou est plus « sensible » que les jours précédents. De retour à la maison, je réalise dans un de mes trop rares éclairs de lucidité qu’il fait plus froid que les jours précédents. Je me suis habillé plus chaudement pour sortir, avec des chaussures plus robustes que d’habitude. Et surtout presque deux centimètres de semelle en plus. En pédalant, lorsque le genou gauche remonte au point mort haut, ça tire…
Le programme du mardi est simple : acheter des phares pour être visible. Mon mécano me propose un modèle qui se recharge sur prise USB en deux heures et qui, en mode clignotant, offre entre 30 et 70 heures d’autonomie. Je sais : j’aurais payé 10 balles de moins en achetant sur internet. Mais j’aime bien mon mécano. Il me cause, il donne des conseils, il dit merci… ça vaut bien 10 balles.
Je charge ces lampes à fond, les installe sur mon pliant, et, en fin d’après-midi, je repars. Jusqu’au See-café d’Alfermée. La route est en légère descente au retour, mon genou apprécie. Comme je n’ai pas envie de monter la selle du vélo, j’ai mis des chaussures avec des semelles très fines. Je sens la différence avec la veille. Le total journalier compte 5 km le matin et 8 le soir.
L’idée de base pour se sentir guérir, c’est de se motiver pour faire un peu plus chaque jour. Même si la petite voix te dit qu’il faudrait parfois savoir s’arrêter et se reposer.
J’ai la chance – ou la malchance – d’être plutôt résistant à la douleur. Ça m'a valu un bel éclat de rire lors de la première vraie visite des médecins le surlendemain de l'opération. L'infirmière ouvre le pansement qui comprimait mon genou depuis deux jours et découvre une articulation torturée, qui a triplé de volume et avec une grosse cicatrice verticale.
Le chirurgien est content de lui, c'est plutôt bon signe. Par contre, il remarque les six ou huit médocs qui traînent dans la dosette sur mon plateau : "vous ne prenez pas vos antidouleurs?" Moi dans un grand sourire : "oh vous savez, je n'ai pas franchement plus mal qu'avant..."
La manière dont le médecin secouait la tête valait bien le regard incrédule de l'infirmière qui allait de mon genou à mon sourire, aller-retour, aller-retour...
Soucieux de ménager mon estomac tant les effets secondaires de ces poisons sont redoutables, je n’ai pris que cinq anti-inflammatoires depuis l’opération, sur les conseils de mon kiné, pour voir si le genou dégonflait un peu.
J’en étais où ? Ah oui : mercredi 11 novembre. Je sais que ce n’est pas raisonnable, mais ma petite femme, artisane et marchande foraine à ses heures, passe la journée au marché à Aarberg.
Je lui téléphone pour l’avertir que j’essaye de passer. Pas sûr que je ne ferai pas demi-tour avant.
À vol d’oiseau, Aarberg est à une dizaine de kilomètres de Bienne. En fait, en restant à plat par Brügg, Worben et Kappelen, ça en fera 16.
Pourquoi je te raconte ça ? Je ne sais pas. À tout hasard, si ce genre de désagrément devait t’arriver un jour, essaye d’être moins « têtu » que ton serviteur.
Amitiés,
À+,
le Jef-j’crois-qu’j’suis-mûr-pour-un-sixième-anti-inflammatoire…
La redescente fut rude, la remontée s’annonce plus pénible que souhaitée. Le lundi 14 septembre, je passais sur le billard pour la seconde fois de l’année. Après la pose d’une prothèse de hanche le 20 janvier, c’était au tour de mon pauvre genou. Plus inconscient que courageux, j’y allais un peu « la fleur au fusil ». Une huitième anesthésie générale depuis 2003, ça ne me faisait pas vraiment peur.
J’avais négligé un paramètre. Les anesthésistes gardent désormais leur précieux propofol pour les cas covid, en chirurgie les patients doivent se contenter de gaz anesthésiants de deuxième choix. La conséquence fut immédiate : je ne me réveillais plus. Au point de passer la première nuit en salle de réveil, les médecins n’osant pas prendre le risque de me monter en chambre dans cet état.
Je n’ai pas pu manger pendant quatre jours, et j’avais perdu passablement de sang. Pour palier à mon manque d’alimentation, j’avais une perfusion, qui remplissait trop vite ma vessie. Je me levais jusqu’à 11 fois par nuit pour uriner, ce qui m’a fait puiser dans mes dernières réserves.
Le mardi 22, un taxi me transportait dans une clinique censée prendre en charge ma réhabilitation. J’y suis arrivé à bout de forces, et surtout affamé. Au point de demander une branche de chocolat lors de l’entretien d’entrée. J’ai bien expliqué la chose au généraliste qui complétait mon dossier, en précisant que j’avais perdu beaucoup de sang, que j’étais très faible et qu’il me fallait absolument des protéines animales.
Mauvaise pioche bonhomme : le mercredi c’était la journée végane, dans ce centre réputé surtout pour accueillir des patients « cardios ». Et le jeudi : poisson… une assiette lamentable, avec deux crevettes, deux morceaux de poiscaille grands comme une boîte d’allumettes et deux pommes de terre minuscules. J’ai sonné derechef l’infirmière et exigé de la viande. L’infirmière vexée est revenue m’annoncer que j’aurais un steak le soir. Soit dans 6 heures et demi. Et en attendant ? Rien.
J’ai donc prié la miss de faire le nécessaire pour que mes papiers de sortie soient prêts dans l’heure, et téléphoné à ma femme pour qu’elle vienne me chercher. Le médecin qui m’a fait signer une décharge sans la moindre valeur légale a semblé passablement déçu par mes critiques, je ne faisais que relever le suivi très lacunaire et la nourriture insuffisante. Une critique est l’occasion de s’améliorer bonhomme, encore faut-il être disposé à l’entendre.
Ma femme n’était pas enchantée de me reprendre dans ces conditions, pensant à un caprice. Tu sais comme sont les gonzesses : elles ont « l’intelligence émotionnelle », elles sont à l’écoute de leur corps, douces et souhaitant un monde harmonieux, alors que toi, grande brute, tu es tout juste bon à boire des bières avec tes potes et parfois un whisky avec un trop rare ami.
J’allais par chance cinq jours plus tard chez le généraliste pour enlever les fils, et ses informations me permettaient de signer l’armistice avec ma légitime. L’assistante me fait étonnamment une prise de sang. Quelques minutes plus tard, mon toubib arrive et me dit d’emblée : « vous avez eu bien raison de foutre le camp de cette clinique ! » Mécolle : « expliquez-moi et je pourrai peut-être sauver mon couple... » « ben, le mercredi 23, ils vous ont fait une prise de sang. Votre taux d’hémoglobine était à 8,4. Au lieu de 15. » Pour donner un ordre d’idée, à moins de 8, c’est transfusion. Tu m’étonnes que j’étais fatigué ! Après 10 repas à la maison, tous avec de la viande, j’étais remonté à 11. À 11, mon toubib me prescrivait du fer. À 8,4 dans la clinique, c’était burger de légumes...
La juriste de l’assurance accident finissait elle aussi par admettre que ma décision de quitter cette clinique était justifiée, ce qui m’arrangeait bien. Mon kiné rentrait de vacances et j’allais également pouvoir mettre les bouchées double sur cette convalescence.
J’avais dès mon retour à domicile commandé une « machine à faire bouger le genou » (kinétec pour les intimes), et j’y passais quatre à cinq heures par jour. Entre le kiné, la machine et les balades dans le quartier avec les béquilles, boosté par de la viande à tous les repas, ce très long mois d’octobre me voyait récupérer de jour en jour quelques degrés de mobilité pour mon genou, à défaut de muscle. Piscines et salles de sport sont fermées, ce qui complique la donne.
Début novembre, je descends à la cave voir les vélos. Ai-je récupéré suffisamment de mobilité pour pédaler ? Je m’installe sur mon pliant, appuyé contre le mur. J’arrive à enjamber le cadre, heureusement bas. Et pédaler ? En pédalant tout doucement en arrière, je sens des tensions inédites dans le genou. On va dire que, chouette, j’ai découvert un nouvel exercice…
Le samedi 7, je décide de me lancer. Les béquilles courageusement sanglées sur mon sac à dos (je n’imagine pas sortir sans), j’extrais tant bien que mal les 12 kilos du Trek F600 de la cave. Devant la maison, un petit muret d’une trentaine de centimètres de hauteur facilite l’exercice. Je suis en selle. Je pédale, 450 mètres à peine, retrouver ma femme au centre-ville. Elle sait que je suis têtu (elle le dit souvent en trois lettres), mais elle est quand même surprise de me voir arriver à vélo.
Tant que je pédale, ça va. Les arrêts sont plus « compliqués », je m’attacherai à les réduire au maximum (ou au minimum, les linguistes sont des emmerdeurs). Je m’offre un petit détour au retour, en allant frapper aux carreaux d’un voisin cycliste. Total du jour : à peine 1200 mètres.
Je remets ça le dimanche. Co… « têtu » mais pas masochiste, je dessine dans mon quartier un parcours de 1200 mètres avec une seule perte de priorité. En limitant les arrêts, je réduis les risques. Je ferai quatre tours, en serrant les dents.
Mon vélo pliant retrouve son rôle médical, entre prothèse et chaise roulante. Lundi en fin d’après-midi, je repars, à plat, en direction de la sortie de la ville. Il commence à faire sombre, le brouillard est tenace et je n’ai pas de phare. Je fais d’autant plus volontiers demi-tour après 2,5 km que mon genou est plus « sensible » que les jours précédents. De retour à la maison, je réalise dans un de mes trop rares éclairs de lucidité qu’il fait plus froid que les jours précédents. Je me suis habillé plus chaudement pour sortir, avec des chaussures plus robustes que d’habitude. Et surtout presque deux centimètres de semelle en plus. En pédalant, lorsque le genou gauche remonte au point mort haut, ça tire…
Le programme du mardi est simple : acheter des phares pour être visible. Mon mécano me propose un modèle qui se recharge sur prise USB en deux heures et qui, en mode clignotant, offre entre 30 et 70 heures d’autonomie. Je sais : j’aurais payé 10 balles de moins en achetant sur internet. Mais j’aime bien mon mécano. Il me cause, il donne des conseils, il dit merci… ça vaut bien 10 balles.
Je charge ces lampes à fond, les installe sur mon pliant, et, en fin d’après-midi, je repars. Jusqu’au See-café d’Alfermée. La route est en légère descente au retour, mon genou apprécie. Comme je n’ai pas envie de monter la selle du vélo, j’ai mis des chaussures avec des semelles très fines. Je sens la différence avec la veille. Le total journalier compte 5 km le matin et 8 le soir.
L’idée de base pour se sentir guérir, c’est de se motiver pour faire un peu plus chaque jour. Même si la petite voix te dit qu’il faudrait parfois savoir s’arrêter et se reposer.
J’ai la chance – ou la malchance – d’être plutôt résistant à la douleur. Ça m'a valu un bel éclat de rire lors de la première vraie visite des médecins le surlendemain de l'opération. L'infirmière ouvre le pansement qui comprimait mon genou depuis deux jours et découvre une articulation torturée, qui a triplé de volume et avec une grosse cicatrice verticale.
Le chirurgien est content de lui, c'est plutôt bon signe. Par contre, il remarque les six ou huit médocs qui traînent dans la dosette sur mon plateau : "vous ne prenez pas vos antidouleurs?" Moi dans un grand sourire : "oh vous savez, je n'ai pas franchement plus mal qu'avant..."
La manière dont le médecin secouait la tête valait bien le regard incrédule de l'infirmière qui allait de mon genou à mon sourire, aller-retour, aller-retour...
Soucieux de ménager mon estomac tant les effets secondaires de ces poisons sont redoutables, je n’ai pris que cinq anti-inflammatoires depuis l’opération, sur les conseils de mon kiné, pour voir si le genou dégonflait un peu.
J’en étais où ? Ah oui : mercredi 11 novembre. Je sais que ce n’est pas raisonnable, mais ma petite femme, artisane et marchande foraine à ses heures, passe la journée au marché à Aarberg.
Je lui téléphone pour l’avertir que j’essaye de passer. Pas sûr que je ne ferai pas demi-tour avant.
À vol d’oiseau, Aarberg est à une dizaine de kilomètres de Bienne. En fait, en restant à plat par Brügg, Worben et Kappelen, ça en fera 16.
Pourquoi je te raconte ça ? Je ne sais pas. À tout hasard, si ce genre de désagrément devait t’arriver un jour, essaye d’être moins « têtu » que ton serviteur.
Amitiés,
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le Jef-j’crois-qu’j’suis-mûr-pour-un-sixième-anti-inflammatoire…
Modifié en dernier par Jef.ch le jeu. 3 déc. 2020 23:54, modifié 2 fois.
Le concept de vélo électrique est aussi pertinent que le serait celui de train à pédales...